Résistance Anti-Coloniale au Cameroun

Déclaration solennelle du Prince Kum’a Ndumbe iii sur le retour du tangue au Cameroun 2015

Voici ma déclaration solennelle de l’an 2015 concernant le Tangué de Lock Priso qui a été dérobé ici à Hickory Town, Bonabéri le 22 décembre 1884. L’année passée le 28 aout 2014, j’ai fait une déclaration solennelle détaillée à l’endroit du gouvernement allemand. Je n’ai rien à ajouter, je n’ai rien à soustraire de cette déclaration solennelle : Le tangué doit rentrer au Ca

meroun. Il y a des choses négociables et il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas négocier. Lock Priso n’a pas voulu négocier sa liberté. Le prince Bele Bele que je suis ne va pas négocier avec quelque gouvernement que ce soit le retour du Tangué de Lock Priso.

C’est une obligation morale, c’est une obligation politique. En Février 2015 j’ai accepté de parler avec le gouvernement allemand, au Ministère des affaires étrangères qui m’a posé la question : Pourquoi est-ce que je ne veux pas entrer en dialogue avec le musée Völkerkunde Museum de Munich pour récupérer le Tangué. Ma réponse a été claire elle est celle-ci : ce n’est pas le musée de Munich qui est venu prendre le Tangué au Cameroun. C’est l’armée allemande et le consul allemand Max Buchner qui personnellement a pris le Tangué du palais de Lock Priso avant de donner l’ordre de bombarder le palais de Lock Priso. C’est-à-dire il s’agit ici d’un acte de gouvernement allemand et la république fédérale d’Allemagne qui est l’héritière du deuxième Reich allemand a l’obligation de parler avec le Prince Bele Bele qui revendique le Tangué. Donc ce n’est pas le musée de Munich mon interlocuteur, c’est e gouvernement allemand mon interlocuteur.

Le gouvernement allemand est en train de susciter des thèses de Master et de Doctorat sur le Tangué de Lock Priso pour montrer que ce n’est pas nécessaire que le Tangué rentre au Cameroun. Ces chercheurs sont venus ici au Cameroun, ont interrogé des Camerounais et des Douala, pour qu’ils disent que le retour du Tangué à Douala n’a pas de sens, que le Tangué est bien conservé en Allemagne. La thèse de Master est terminée, j’attends que la thèse de doctorat soit terminée. Et comme ce sont des travaux scientifiques, nous allons répondre aussi en scientifique avec des thèses. Mais j’ai fait comprendre au gouvernement allemand que la colonisation était un crime contre l’humanité et que le gouvernement all qui est l’héritier du deuxième Reich doit assumer. Le travail que nous faisons en Allemagne e depuis des décennies pour faire comprendre que les crimes commis par le colonisateurs dans les pays africains, ce ne sont pas des crimes qu’on peut effacer sans qu’il y ait des excuses officielles et sans qu’il y ait des dédommagements officiels.

Le combat que nous menons avec la section AfricAvenir de Berlin et d’autres forces scientifiques ont permis aujourd’hui que le gouvernement allemand enfin cette année 2015 a accepté que l’Allemagne a commis un génocide en Namibie lorsque les allemands ont voulu prendre ce pays. C’est la première fois qu’une puissance européenne accepte qu’elle a commis un génocide pour s’emparer de ce pays africain. Or nous sommes convaincus que la politique de massacre et de génocide était la règle et non pas l’exception pour mettre à genoux les Africains. Et aujourd’hui nous disons que ceux qui ont commis ces génocides doivent assumer pleinement leur responsabilité. Ce que nous, Africains aujourd’hui attendons d’un gouvernement qui accepte qu’il a commis le génocide dans un pays africain ce sont des excuses officielles. L’Allemagne n’a pas encore donné ses excuses officielles à la Namibie et l’Allemagne doit donner ces excuses et négocier les dédommagements pour que ce pays avance.

Mais, ce que nous disons c’est que ce n’est qu’un premier pas et que les autres pays qui ont colonisé les pays africains, qui ont mis à genoux les pays africains, ont le devoir d’abord de reconnaissance de ce qu’ils ont fait, le devoir de mémoire. Et les Africains eux-mêmes ont aussi ce devoir de mémoire. Non seulement le devoir de mémoire mais aussi les excuses et les dédommagements. C’est ce que nous attendons de tous ces pays qui ont mis l’Afrique en colonisation et en néo colonisation. Mais une chose demeure primordiale : nos objets de cultes, nous objets de spiritualité ont été entraînés de manière organisée dans des prisons qu’on appelle des musées. Nos objets de cultes, nos objets d’art dans ce qu’on appelle les musées mais qui en réalité sont des prisons en Europe et en Amérique, nous les revendiquons. Ils doivent rentrer chez nous pour rétablir notre spiritualité, pour rétablir la profondeur de notre équilibre. Ce n’est pas négociable. J’ai dit.

Recueilli à Douala le 28/08/2015, AfricAvenir International