Evénements à l'école

Ouverture d’un programme international de bourses de doctorat « Heritage & Innovations»

Le 28 Aout 2015 en son siège à Douala, la Fondation AfricAvenir International en partenariat avec la Gerda Henkel Stiftung, a officiellement ouvert un programme international de Doctorat/PhD intitulé Heritage and Innovations. C’est un projet impliquant d’éminents professeurs des Universités de Yaoundé I, Douala, Vienne, Berlin et Hambourg. Ce programme international de bourses de doctorat/PhD a été ouvert aux candidats titulaires d’un Master ou tout diplôme équivalent en Lettres et Sciences Humaines (Histoire, Etudes germaniques, Sociologie, Théologie, Cultures/Langues et Littérature orales Africaines) en Sciences Juridiques, Sciences Politiques, et Sciences Economiques.
Les travaux des candidats sélectionnés devront aussi s’appuyer sur des Camerounais témoins de cette période historique, témoignages déjà enregistrés et digitalisés par la Fondation AfricAvenir International. Ces travaux devront traiter essentiellement dans chacune des
disciplines de la période avant l’implantation coloniale au Cameroun. Il s’agira de :

  • Dégager les structures, fonctionnements, forces et faiblesses des systèmes africains/camerounais avant 1884.
  • Analyser le choc avec l’implantation coloniale, discuter les formes de résistances, de collaboration et d’hybridité.
  • Débattre des restructurations et des conséquences structurelles à long terme de l’emprise coloniale.

Cependant, les bourses pourront aussi être octroyées aux thèses de doctorat traitant de la période autour de 1884 portant sur un autre pays africain que le Cameroun pour ceux des chercheurs sous la supervision des professeurs de Hambourg et de Vienne. Comme exemples de domaines de recherche, les candidats pourront travailler sur :

  • L’histoire économique du Cameroun avant 1884
  • L’histoire des institutions politiques au Cameroun jusqu’en 1884 L’histoire du droit et des règlementations au Cameroun jusqu’en 1884
  • Violence et massacres en colonie comme moyen de pénétration et de gouvernement de 1884 à 1919
  • Pillage des œuvres d’art pendant la période coloniale de 1884-1919 Cultures/langues et littératures orales au Cameroun avant 1884
  • Contributions linguistiques à l’histoire culturelle du Cameroun avant 1884
  • Religion et théologie au Cameroun avant 1884.

Au finish, quatre chercheurs camerounais et deux chercheurs européens ou chercheurs résidant en Europe maximum pour la période 2015-2018. Les trois professeurs de rang magistral qui coordonneront ce programme de doctorat sont les suivants :
– Cameroun : Le Pr. Dr. Dr. Prince Kum’a Ndumbe III, Prof. Emérite en Sciences politiques, en Histoire et en Etudes
germaniques, Univ Yaoundé I, Univ. Libre de Berlin, Univ. De Lyon II, Univ.

Catholique de Lyon. Président Fondateur d’AfricAvenir International.
Autriche : Pr. Dr. Adams Bodomo,
Chaire des langues et littératures africaines, Université de Vienne, Département des Etudes Africaines,
Département de Linguistique, Univ. De Hong Kong
Allemagne : Prof. Dr. Jürgen Zimmerer, Professeur d’histoire africaine, Chaire, Département d’histoire, Université de Hambourg.

PRINCE KUM’A NDUMBE III

BEAUCOUP A ETE DIT PAR LES CAMEROUNAIS SUR LEUR HISTOIRE

Pendant trois jours, la Fondation AfricAvenir du Professeur Kum’a Ndumbe III a obtenu à Vienne, Capitale autrichienne, un symposium sut le thème : « Témoignages africains et littérature orale comme sources de l’histoire coloniale ».
Rencontre qui a abouti à la signature d’un accord avec les archives phonographiques de Vienne sur le traitement audio graphique d’un pan important de l’histoire du Cameroun. Dr. Apolinaire Amougui, Chef de cabinet du secrétaire exécutif du CERDOTOLA et le Pr. Clédor Nseme de l’université de Yaoundé I composaient la délégation camerounaise.

Pourquoi êtes-vous à Vienne ?

Nous sommes venus à Vienne pour lancer le débat sur le changement d’approche dans la collection de la mémoire collective des peuples africains, les peuples camerounais. La mémoire collective est constituée depuis un certain nombre de siècles de monuments, de noms de rues et autres. Mais chez nous, la mémoire est constituée de livres que les autres écrivent sur nous et que nous, nous devons utiliser.

Ceci a une incidence énorme sur les travaux universitaires …

Quand vous allez maintenant faire la recherche, vous tombez sur les archives écrites par les colonisateurs, par les autres mais sur nous. Et curieusement lorsque vous marchez dans les rues de Douala pour Yaoundé, vous constatez que ce n’est pas la mémoire collective de peuples camerounais ou africains que vous rencontrez. Nous à la Fondation AfricAvenir, nous nous sommes donc dit que c’est une maladie qu’il faut guérir.

Que s’est-il donc passé ?

Alors moi dans les années 1980, quand j’ai constaté que dans les archives ce sont les colonisateurs qui parlaient de notre mémoire et que nous les chercheurs on va utiliser ce que les colonisateurs ont écrit pour expliquer notre société, je me suis dit qu’il faut absolument changer de paradigme. J’ai constitué alors à l’université de Yaoundé I une équipe pluridisciplinaire de chercheurs de 1981 à 1986. Nous avons parcouru tout le pays et  nous avons pu interroger 176 Camerounais de Maroua à Douala en passant par Yokadouma et Kribi etc…. Ces personnes nous ont dit ce qu’elle ont vu quand les Européens sont venus. Comment étaient le Cameroun à l’époque.

Quel fut l’originalité de ce projet ?

Nous les avons interrogés dans la plupart du temps dans leurs langues. Le Yemba par exemple à Dschang, le Fufuldé à Maroua, à Douala nous avons interrogé en Duala, etc. Cela veut donc dire qu’aujourd’hui en 2015, nous avons donc les voix de ces 176 personnes qui parlent du Cameroun.

Elles parlent de quoi et dans quels domaines ?

Ces personnes ont parlé de plusieurs aspects concernant par exemple le religieux, l’économique, le juridique, le politique, le culturel… et tout ceci en langues camerounaises.

Un héritage inédit …

Non seulement inédit mais surtout extraordinaire !

Pourquoi Vienne joue un rôle dans ce travail ?

Nous sommes venus à Vienne parce que les interviews que nous avions faites sur cassettes il y a trente ans étaient en train de se détruire. Il y a un laboratoire spécialisé à Vienne qu’on appelle « Archives Phonographiques ». Nous avons passé un accord avec elles pour qu’elles puissent nous restituer ces voix dans toute leur clarté. C’est pour cette raison que nous avons demandé au département de langues africaines de l’Université de Vienne un partenariat pour que nous puissions faire ce travail-là ici. Mais le partenariat est aussi avec les Universités de Hambourg en Allemagne, Yaoundé I & II, Douala au Cameroun mais aussi avec l’Université de la Sorbonne à Paris en France.

Que va t-i exactement se passer ?

Pendant trois ans, nous allons transcrire ce que ces personnes ont dit, les traduire en français, anglais et allemand. Nous allons mettre tout cela sur CD et nous allons les publier sous forme de livres afin que cette mémoire collective camerounaise soit disponible pour toutes et tous. Mais nous allons aussi rendre aux populations ce que leurs ainés nous ont confiés dans ce sens que quand nous aurons terminé ce travail, nous irons dans les diverses régions du Cameroun organiser des séances publiques pour que les plus jeunes entendent ce que ces personnes ont laissé comme témoignage sur la société camerounaise des époques coloniales.

Vous avez aussi signé un accord avec les Archives Phonographiques de Vienne …

Oui, car nous leur avions confié toutes ces cassettes. Mais il fallait signer un accord stipulant que ce sont des cassettes camerounaises que nous leur avons confiées pour un problème technique. Par ailleurs, les droits d’auteurs doivent rester au Cameroun. Dans l’accord, il était aussi mentionné que personne n’a le droit d’utiliser ce travail à l’extérieur de Cameroun sans demander la permission au Cameroun car nous avons déposé les droits de ces cassettes à la SOCILADRA.

Les Archives Phonographiques de Vienne sont-elles d’accord ?

Oui elles sont d’accord et c’est la raison pour laquelle nous leur avons laissé ces cassettes ici à Vienne. Tout ce travail, je le fais au nom de la Fondation AfricAvenir International que j’ai fondée alors que j’étais professeurs d’Universités.

Qui finance tout ce travail ?

Je suis professeur retraité mais je travaille toujours à la Fondation AfricAvenir que j’ai fondée il y a trente ans. Ce projet est financé par la fondation allemande Gerda Henkel Stiftung. Celle-ci nous a donné une subvention afin que nous puissions faire ce travail.

Recueilli par Simon Inou à Vienne