Collective Memory, Résistance Anti-Coloniale au Cameroun

Visite de la délégation d’Experts nommés par le Président français Emmanuel Macron pour la restitution du patrimoine africain à la Fondation AfricAvenir International

Le lundi 16 juillet 2018, la Professeure Bénédicte SAVOY de la TU (Technische Universität Berlin ) de Berlin, le Professeur Felwine SARR de l’Université Gaston Berger de Saint Louis au Sénégal, tous deux experts nommés par le Président français Emmanuel MACRON, sur le dossier de la restitution des œuvres africaines de culte domiciliées dans les Musées en France, étaient en visite à la Fondation AfricAvenir International du Prince KUM’A NDUMBE III,  Président fondateur, et Président du Comité International de dialogue pour le retour des œuvres de Culte et d’art, manuscrits et documents africains.

En effet, une discussion autour du débat de restitution est ainsi ouverte à la Fondation AfricAvenir en présence entre autres de SM NJITACK NGOMPE PELE Roi de Bafoussam, HRH Fon FOBUZIE II BUZIE ASANJI – Fon de Chomba ; SM NAYANG TOUKAM Ier  Roi de Batoufam, SAR Le Prince DOUALA MANGA BELL, Chef Supérieur du Canton Bell, SM Ndoumbe Emmanuel, Chef de Bonendale I, SM Esoh Longo, Chef de Bwamba-Bodiman, Prince Dr FOCHIVE, représentant de la MOMAFON des Bamoun, la Princesse Rabïatou NJOYA, Tétè MANGA EBANDA, Gardien de la tradition, 

  1. Noukeu Serges, Chef de Service des Musées et représentant personnel du Ministre des Arts et de la Culture et M. MBENG VICTOR représentant du délégué régional du Littoral des Arts et de la Culture, M. NYINDIE Samuel Célestin, Chef de la Division sociale, économique et culturelle de la Région du Littoral et représentant de Monsieur le Gouverneur de la Région du Littoral, de Mme Alysson MEKAMWE, Directrice du Musée des Civilisations de Dschang, et d’un parterre riche de conservateurs de musée, Commissaires d’exposition, hommes de culture et amateurs d’arts…

Comme il est souvent coutume lors des grands évènements de la Fondation AfricAvenir International, c’est avec une procession introductive depuis le Palais Royal du Prince des Bele Bele jusqu’à l’entrée de la Fondation, procession clôturée par le rituel de paix, du Maître de cérémonie Tétè Manga Ebanda, que cette rencontre historique a été introduite. Suite à cela, l’assistance constituée des deux Experts, de leur Hôte le Prince KUM’A NDUMBE III, des rois et chefs traditionnels, et des conservateurs ou représentants de musées, du représentant du Ministre des Arts et de la Culture et ses collaborateurs, et des représentants des autorités administratives territorialement compétentes.

Les points annoncés à l’ordre de cet évènement hors du commun étaient notamment le Vernissage de l’exposition du jeune peintre Maxime BAGNIE, « Ode aux musiciens camerounais » ; la présentation sommaire du Rapport sur la conférence de Hambourg du 18 mai 2018 et l’atelier de Dakar du 7 juin 2018 par le Prince Kum’a Ndumbe III, le Pr. Bénédicte SAVOY et Pr. FELWINE SARR pour fixer l’assistance sur le contexte du débat ; la phase interactive avec l’échange entre le Tandem d’experts et les autorités administratives, les rois et chefs traditionnels possédant des musées et les collectionneurs ; et pour terminer avec la Conférence de presse sur l’opportunité de la restitution des œuvres de culte, d’Art et de pouvoir africains et de leur circulation internationale.

Le Vernissage du Jeune peintre Maxime BAGNIE « Ode aux musiciens camerounais »

Après la procession suivie d’un rituel de paix, officié par le Maître Rituel Tètè Manga EBANDA, l’assistance et les invités de marque ont été priés de se diriger dans la salle de conférence, salle multifonctionnelle de la Fondation AfricAvenir International où les attendait une « jolie » surprise artistique.

En effet, ladite salle, qui fait aussi office de galerie d’art et espace d’exposition inaugurait alors la dernière production du jeune peintre de 26 ans Maxime BAGNIE, déjà connu en ces lieux pour son exposition « Comme un jeu en 2016 ». Pendant près de trente minutes, l’assistance a tour à tour découvert les œuvres qui mettaient en scène des pionniers de la musique camerounaise, immortalisés sur les 25 toiles.

Quoi de mieux qu’un vernissage pour introduire un débat sur l’art. En tout cas, pour l’espèce ce fut un pari réussi. C’est sur cette note de couleur que s’ouvre la concertation entre le Tandem désigné par le Président de la République française Emmanuel Macron, Pr. Bénédicte SAVOY, Pr. Felwine SARR et le Comité International de dialogue pour le retour des Objets de Cultes et d’Arts des Manuscrits et Documents africains, les rois et chefs traditionnels possédant des musées au Cameroun, mais surtout le représentant du Ministre des Arts et de la Culture, et les représentants des autorités administratives territorialement compétentes, sous la coordination du Prince KUM’A NDUMBE III. Trois points essentiels sont à noter ici :

  • La Présentation sommaire du Rapport sur la conférence de Hambourg du 18 mai 2018 et l’atelier de Dakar du 7 juin 2018 par le Prince KUM’A NDUMBE III, le Pr. Bénédicte SAVOY et Pr. Felwine SARR, qui a servi à fixer le contexte de la mission pour laquelle les experts ont été désignés, ainsi que les débats ayant déjà eu lieu sur la question au niveau international.
  • La phase interactive des réactions et échanges entre le Tandem et les autorités administratives, les rois et chefs traditionnels possédant des musées et les collectionneurs présents. Ce fût notamment une phase déterminante et très animée, car c’est sans aucune langue de bois que la partie camerounaise quasi à l’unisson a fait valoir ses prétentions. En effet, l’un des points névralgiques se situait sur le statut même de ces œuvres, qui pour les Africains sont avant tout des objets rituels, avec une « Vie ». C’est donc à cette Afrique, à ce Cameroun « vivant » que se sont adressés les experts, qui s’en sont d’ailleurs montrés ravis ;
  • La dernière articulation de cette après-midi a été consacrée aux médias avec la Conférence de presse sur l’opportunité de la restitution des œuvres de culte, d’Art et de pouvoir africains et de leur circulation internationale.

C’est donc avec le sourire que s’achève cette journée riche en savoirs et en partage. En effet, les premières réactions à chaud recueillies au soir de cette visite sont globalement positives des deux parts. Pour la Mission d’experts, le caractère franc et sans détour des débats a été le point déterminant de la discussion permettant de cerner la perception africaine de ces objets et son avis bien tranché sur la question de leur retour. Pour la partie camerounaise en général, l’avis est que cette initiative du Président Macron représente une brèche ouverte pour le retour de la mémoire ancestrale africaine, et la guérison des peuples. Plusieurs invités de marques ont par ailleurs salué le rôle joué par la Fondation AfricAvenir International et le Prince KUM’A NDUMBE III dans la mobilisation générale des principaux acteurs de cette question au Cameroun, l’organisation de la rencontre, mais surtout pour le travail de fourmis qui est accompli depuis plus de vingt années et qui commence maintenant à porter ses fruits.

Cette rencontre marque un tournant décisif pour le Cameroun, pour l’Afrique, mais surtout pour l’humanité tout entière. En effet, il est à espérer que ces ateliers marquent le début d’une « Renaissance des rapports entre les peuples », sans complexes et guérie des blessures du passé.

Les suites … Un carnet de voyage bien rempli en images

Enfin, suite aux échanges du 16 juillet la délégation des experts amorce alors une phase de descente sur quelques sites cibles, avec pour objectif de rentrer dans l’approche africaine de conservation des objets de culte, mais aussi de se faire une idée plus précise des potentielles structures d’accueil locales.

C’est donc accompagné pour l’occasion du Prince KUM’A NDUMBE III et de deux collaborateurs de la Fondations AfricAvenir, que les experts ont pu découvrir trois principaux sites plus ou moins proches notamment le Musée des Civilisations noires de la ville de Dschang, le Musée Royal de FOUMBAN, et le Palais Royal « Fussep » à Bafoussam, pendant deux journées marathon.

Au cours de ces descentes, les experts ont pu constater, contrairement à un a priori de départ, que l’Afrique profonde a encore beaucoup à enseigner au monde sur la conservation des objets de culte, qui ici sont alors « incarnés » et vivants…