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Repenser l’Afrique par le dessin : Christian Kingue Epanya au workshop de l’Ecole Doctorale de la Fondation AfricAvenir International

Il était exactement 15 heures passées de 33 minutes lorsqu’inaugura la Fondation AfricAvenir  une nouvelle approche dans la méthode pour la renaissance africaine : le dessin. Pour cela, elle fit appel à l’illustrateur internationalement reconnu Christian Kingue Epanya. Cette séance inaugurale fut précédée par le propos introductif du Prince Kum’a Ndumbe III, qui commença par saluer l’auditoire avant de  souhaiter une chaleureuse bienvenue à Christian Epanya, que la Fondation AfricAvenir International était très heureuse d’accueillir. Au prince de préciser alors, que ce n’etait pas la première fois que M. Epanya y mettait les pieds tout en le remerciant d’être venu depuis la France. S’adressant aux participants, pour ceux qui ne le connaissaient pas et à qui on a distribué des journaux français qui parlent de ses ateliers, c’est un Camerounais qui est connu de par le monde. Poursuivant son propos, le Prince insista sur l’ambition de la Fondation AfricAvenir International de  former les jeunes camerounais capables de compétir au plan international car la compétition n’est pas au niveau du village, ni du Cameroun, mais au niveau mondial. « Il faut être capable de l’emporter par exemple sur le Chinois dans son propre monde, dans son propre pays », poursuivit le Prince.

Dans l’atteinte de cet objectif, la Fondation AfricAvenir héberge en son sein la bibliothèque Cheikh  Anta Diop ; l’une des meilleures bibliothèques privées du Cameroun avec son inventaire unique de documents, et  qui est ouverte au public.  Comme pour joindre l’acte à la parole, l’Ecole Doctorale ouverte au sein de cette fondation a la  particularité d’accueillir des étudiants qui font un master ou un doctorat qui tienne compte de  l’héritage scientifique et culturel de l’Afrique ; des recherches basées sur des sources africaines du savoir. « A la fondation AfricAvenir international, nous faisons le tour du monde pour vous apporter des livres qui mettent à votre disposition l’héritage scientifique des Africains et ceux qui vous soutiennent dans l’innovation des temps modernes. C’est pour cela que nos masters sont différents de ceux qu’on fait à l’université », confia alors le Prince.

Lorsqu’à son tour M. Christian Kingue Epanya prit la parole, après avoir rapidement remercié le Prince et donné quelques éléments de son parcours, il embraya directement sur sa présentation ; présentation qu’il introduisit en définissant préalablement  la culture comme « manière de vivre et de penser d’un groupe social », ici il s’agit donc de parler de culture africaine comme « rempart d’affirmation » qui permet à l’enfant africain d’être sensibilisé à son environnement et d’être protégé. L’orateur pour illustrer son propos,  prit l’exemple de l’éducation en Afrique quelques années auparavant. Cette éducation d’origine occidentale est source d’aliénation des Africains, et dont la conséquence est de faire des Africains des étrangers dans leur propre environnement.  « On vit dans nos pays comme si nous étions étrangers », conclut-il. Comme solution à cette extraversion,  M. Epanya propose une éducation qui amène l’Africain à être fier de sa culture. S’agissant de culture africaine, il déclina un certain nombre de valeurs qui sont communes aux sociétés africaines à savoir le respect, la solidarité, la rectitude morale, le désintéressement, le goût de l’effort et la persévérance ; et proposa que l’éducation de l’enfant Africain se fasse sur la base de ces valeurs. Transition toute trouvée par l’orateur pour parler du livre.

A ce sujet, il se réjouit aujourd’hui de la possibilité  de nouer des partenariats tout d’abord entre les éditeurs du Sud, puis avec les éditeurs  du Nord. Mais il reconnait que le niveau de l’illustration reste à améliorer pour produire de beaux livres. Pour cela, « nos responsables politiques devraient mettre en place des politiques qui favoriseraient l’éclosion de la jeunesse d’autant plus qu’ils ont signé les accords de Florence qui encouragent l’importation des produits culturels en baissant la douane et la taxe, y compris le papier et les machines d’imprimerie ». Continuant son explication, il mit en exergue le décalage entre les politiques du Sud  et celles du Nord. « En Europe les gouvernements accordent des subventions pour que ces industries continuent de marcher. Comme nous sommes démunis, nous ne pouvons pas faire face ; du coup les gens ferment. Les industries qui résistent ont un coût de production élevée et du coup le livre n’atteint pas une grande masse de personnes. Les Européens envahissent donc nos marchés du livre ». Invitation est donc faite au gouvernement de faire une baisse des taxes pour permettre la création des livres de bonne qualité et encourager les enfants à s’intéresser au dessin.

Il continua son propos en parlant du beau en affirmant que « le beau a une conséquence importante ».  Quand on est habitué aux belles choses, on est plus exigeant. Pour les livres, lorsqu’on est habitué aux beaux livres,  on est plus exigeant d’où la confiance en soi. « On n’accepte pas de faire n’importe quoi et quand on se sent capable de faire des choses, on se sent l’égal des autres. » Selon M. Epanya, il est important de recevoir une formation pour faire de beaux livres afin de ne plus aimer n’importe quoi. D’où l’importance de la psychologie c’est-à-dire « dépasser les freins qu’on nous a mis de croire que le beau vient de l’extérieur ». Une fois cette étape dépassée « c’est nous qui serons les maitres chez nous et nous pourrons marcher la tête haute ». C’est donc à partir de ce renforcement psychologique de notre capacité à faire de bonnes choses que nous pourrions efficacement nous tourner vers notre culture. M. Epanya conclut en disant que l’Afrique, seule, peut aider le monde qui devient un peu fou.

BANDAH  PATRICK