Évènements & Expositions, Jubilé d’écriture

Le Prince Kum’a Ndumbe III fêtait ses 40 ans d’édition internationale

Le 6 juillet 2011, le Prince Kum’a Ndumbe III fêtait ses 40 ans d’édition internationale depuis sa première publication, la nouvelle « Le monstre » parue aux éditions Jeune Afrique le 6 juillet 1971. Jusqu’à aujourd’hui avec ses livres les plus récents comme “50 Ans déjà ! Quand cessera enfin votre indépendance-là ???” ou “Africa is Calling – African-Americans Stand Up for Africa”, il n’a pas manqué de remplir la mission qu’il s’était fixée dès l’âge de 24 ans : Contribuer à la décolonisation de la production et de la diffusion des savoirs sur l’Afrique, à la fois dans les pays africains et européens. Déjà en 1962 à Saint-Gall en Suisse, lors de son premier voyage en Europe, il écrit son premier livre : une compilation de poèmes en langue Duala. Paradoxalement, c’est la langue allemande qui s’impose à lui lors de ses études à Lyon, en France, où il écrit ses quatre premières pièces de théâtre dans la langue de Goethe et de Schiller. Mais déjà alors, même ses écrits en allemand sont profondément africains dans le sens où il revendique consciemment la réécriture de l’historiographie falsifiée et la réhabilitation de la dignité de l’Afrique. Et ces écrits dérangent les éditeurs allemands des années 1970. Un Africain qui écrit en allemand ? “Lumumba II.” et “Ach Kamerun” ne seront pas publiés en Allemagne avant 2005.

Ses écrits français ne sont pas moins provocants : « Cannibalisme » et « Kafra-Biatanga » sont suivis de « Nouvelles interdites », « Hitler voulait l’Afrique » et « Dialogue en noir et blanc » (avec Jean-Yves Loude). Mais ses livres ne sont diffusés et lus qu’en Europe et aux USA, mais introuvables au Cameroun ! Depuis 1979, le prince Kum’a Ndumbe III n’a plus jamais envoyé de manuscrit à un éditeur français.

En tant que président de l’Association des écrivains camerounais (APEC), le prince Kum’a Ndumbe III ose demander au président Ahidjo de lever les lois de censure féroces sur les livres. N’attendant pas longtemps la réponse des autorités, il crée une maison d’édition en 1985 : Editions AfricAvenir. Son livre “L’Afrique relève le défi” se vend à 5.000 exemplaires. Il devient éditeur sans le vouloir. L’objectif est clair : publier sans censure et donner un accès direct à la population locale à ce que les écrivains camerounais et africains ont à dire. Exprimez-vous sans avoir à passer par un éditeur européen ou américain et provoquez des débats directement et sur place.

En 1993, AfricAvenir se transforme en fondation dans le but de pérenniser ces efforts. En 2003, le Prince Kum’a Ndumbe III crée Exchange & Dialogue, une maison d’édition allemande dans le but de dire aux Allemands, ainsi qu’aux Autrichiens et aux Suisses, ce que leurs propres institutions ne veulent pas qu’ils sachent sur l’Afrique – et cela en allemand, sans traduction. Aujourd’hui encore, ses 13 livres allemands semblent encore déranger, mais ils sont achetés et lus.

En 2009, un autre grand pas est franchi avec la publication en duala, français et ewondo du conte épique camerounais « Masomandala ». L’édition en langues africaines reste le défi du futur – du futur proche !

Avec le recul, cela a été 40 ans de rébellion continue contre l’ordre néocolonial dominant et pour l’élévation et la renaissance du continent africain et de ses peuples.