Arts et culture, Visites

La Délégation Du Ministère Des Arts et de la Culture Du Cameroun Au Siège De La Fondation Africavenir International

Après 30 ans d’existence et de sollicitations répétées, la Fondation AfricAvenir International a enfin reçu une délégation officielle du ministère des Arts et de la Culture du Cameroun. Cette visite a eu lieu au siège même de ladite fondation à Douala le lundi 23 novembre 2015 à partir de. L’équipe des représentants du ministère des Arts et de la Culture arrivera à la fondation AfricAvenir International à 11H38.

ACTEURS PRÉSENTS

Ont pris part à cette rencontre 03 groupes d’acteurs
1. Les collaborateurs de la Fondation AfricAvenir International sous la direction du Prince Pr. Kum’a Ndumbe III, Président de la fondation, Mme Mautner Ingeborg, Directrice des Editions AfricAvenir, M. Ngong, Adjoint à la maison d’édition, M. Ndumbe Kum, Chargé de la communication et du marketing, Mme Kougang Paule-Marie, Linguiste, Mme Soppi Ebonji, Linguiste, M. Kum Titty, Informaticien.
2. Les membres de la délégation envoyée par le ministère des Arts et de la Culture du Cameroun à savoir Le Directeur des Archives Nationales de Yaoundé Dr. Ngwang Ngwanyi Michael, Mme Essama Manga, M. Haidak Zamba, M. Esperance Fopa, Mme Bowong Sabine.
3. Quelques médias (Télévisions) camerounais venus à l’improviste afin de diffuser l’évènement. Il s’agit des maisons ABK et STV.

LE BUT DE LA VISITE

La délégation mandatée par le ministère des Arts et de la Culture a affirmé par l’intermédiaire de son responsable le Dr. Ngwang Ngwanyi Michael, que le but de leur visite était purement prospectif. Il s’agit de découvrir le patrimoine archivistique de la fondation, de recenser les difficultés, de proposer des solutions palliatives et enfin de rédiger un rapport à soumettre aux autorités plus compétentes en vue d’une sérieuse réflexion pouvant déboucher soit à une assistance technique (à travers des stages de formation du personnel de la fondation pour une meilleure conservation, réhabilitation et gestion des archives), soit à un éventuel financement de l’Etat.

QUESTIONS ABORDÉES

Les échanges entre les deux parties portaient essentiellement sur :
1. Les difficultés de conservation, de restauration, de gestion des manuscrits de la Fondation AfricAvenir International.
2. L’absence d’un bibliothécaire qualifié pour assurer la gestion de la bibliothèque de la fondation. Jusqu’ici le Prince Kum’a Ndumbe est l’unique bibliothécaire et malgré son âge et ses multiples occupations est obligé d’en assurer la permanence.
3. Le manque de subventions de l’Etat en vue de sauvegarder ce patrimoine livresque, sonore et photographique vidéographique pour les générations avenir. Il devient très pesant pour la fondation d’assurer la conservation, la réhabilitation et la gestion de ces archives.
4. L’ambition d’agrandissement de la Fondation AfricAvenir International pour construire une bâtisse de 5 étages servant à abriter un grand centre d’excellence et de référence sur la culture africaine, et formant des leaders préparés à créer des solutions efficaces aux problèmes de l’Afrique.

ACTIVITÉS FAITES

La visite s’est effectuée dans les différents départements et secteurs d’activité de la Fondation AfricAvenir International afin que les invités comprennent dans les moindres détails ce qui y est fait. Avant qu’elle ne débute, le fondateur d’AfricAvenir International ainsi que le Directeur des Archives Nationales de Yaoundé se sont prêté respectivement à une séance d’interviews dont il en ressort
ce qui suit:

1. Interviews

Les interviews étaient un véritable moment de dévoilement des intentions profondes inhérentes à chaque partie.

Le Dr. Ngwang Ngwanyi Michael quant à lui affirme:
“We are thinking about technical assistance because that is where we are better. I think that I just presented one of my collaborators who is a specialist in digitalization and electronic archives. I also think that there are methods of conservation and preservation of the material that is already been in deface. I think that we also have competences at this particular level. I will also assure AfricAvenir that the are working so much with the Germans; we are doing the same too. It is not quite six months I came from Bundesarchiv and they were supposed to be here to teach us some methods of conservation and preservation. I think that one or two persons from AfricAvenir is just supposed to be invited to take part in this training workshop so that he could be able to come back and assist AfricAvenir. […] I was just telling my collaborators before we got here that one of the important things that have to arrive at is to be able to establish an MOU (Memorandum Of Understanding) of what AfricAvenir needs and identify a number of ways by which
we can partner with each other…”
Le Prince Kum’a Ndumbe insista davantage sur l’urgence d’un soutien financier de l’Etat qu’il exprima en ces
termes:
« L’administration est une vieille femme qu’il ne faut pas brusquer. Nous avons attendu pendant 30 mais nous existons toujours. […] Nous avons toujours frappé à la porte du Ministère de la Culture. Maintenant donc les portes commencent à s’entrouvrir. […] Ce que nous voulons c’est sauver la mémoire, savoir ce que nous avons eu comme acquis dans tous les domaines de la vie avant que les
Européens ne viennent ici et comment est ce que nous nous sommes battus pour conserver ces acquis jusqu’a ce jour ? […] Nous attendons qu’ils nous donnent de l’argent parce que pendant 30 ans nous avons travaillé avec nos propres moyens. Il n’ya pas que l’argent. On a aussi parlé des formations. […] Il faut des sources financières. Ce n’est pas seulement le Ministère. Le Ministère peut aussi faciliter, être facilitateur. »

2. Le Génie Africain

Le Génie Africain, présenté comme un espace de visibilité permettant l’expression de tout le génie créateur noir. C’est un espace de diffusion des idées de penseurs noirs à travers une librairie bien fournie regorgeant des livres abordant les thématiques les plus variées et actuelles sur l’Afrique. Le génie africain a été également présenté comme une plateforme d’expositions du fruit de l’artisanat camerounais et africain à travers une riche diversité d’objets d’art : des statuettes, des masques, des bijoux, des poupées africaines, des accessoires de mode, des vêtements cousus à l’africaine, des ustensiles de cuisine en bois, des sculptures sur cornes de bœuf, des peintures, etc. Ici, peintres, sculpteurs, couturier (ère), bijoutiers trouvent un espace d’expression de leur force créatrice en vue d’une meilleure visibilité auprès du public.

3. La grande salle multifonctionnelle

C’est un espace assez spacieux. Il se subdivise en trois grandes sections. La première étant réservée au Génie Africain présenté plus haut, la deuxième abritant diverses manifestations culturelles telles que des projections cinématographiques, des conférences, des débats, des concerts et autres. Ayant une capacité de contenance de 150 places assises, la salle multifonctionnelle est également un lieu d’expression artistique abritant assez régulièrement des expositions d’artistes divers. C’est par exemple le cas de la dernière exposition en date sur les héros des résistances antiesclavagistes (réalisée à Berlin en 2008) dont les images picturales ornent encore les murs de cette salle mythique. La troisième section étant réservée à la branche Jeunesse de la Bibliothèque Cheikh Anta Diop. C’est un espace contenant une mini bibliothèque afin d’éveiller la curiosité et le désir de connaissance des plus jeunes. Il se compose de livres en langues nationales pour l’apprentissage aisé à un niveau relativement basique, de jolis livres de contes africains illustrés de la plus belle des manière afin de capturer l’attention du jeune lecteur, de quelques livres illustrés d’Europe afin d’élargir leur horizon, mais aussi des roman, des essais, des encyclopédies, des livres de philosophie pour les élèves du secondaire. Enfin cette salle est aussi une salle de lecture où chercheurs et écoliers se retrouvent pour
étudier.

4. Visite de l’espace réservé à la construction du entre excellence

Après avoir exploré la grande salle multifonctionnelle, l’équipe d’AfricAvenir International suivie de la délégation du MINAC et des journalistes s’est dirigée vers l’espace de 2300 m2 réservé à la construction du bâtiment de cinq étages devant abriter un centre d’excellence et de référence en matière de patrimoine culturel et scientifique du monde noir. D’après le Prince Kum’a Ndumbe III c’est un centre qui permettra de retrouver tout ce que le Noir a apporté à l’humanité depuis le début jusqu’à nos jour dans tous les domaines de savoir. Il en profite pour exprimer ses doléances vis-à-vis des représentants du MINAC en ces termes : « J’ai fait seul jusqu’aujourd’hui […] Le Ministère n’a pas besoin de nous donner l’argent mais le Ministère peut faciliter à travers des partenaires pour que ce soit fait. Ça n’existe nulle part en Afrique. … Nous avons déjà un projet architectural. C’est un projet d’un milliard. Il nous faut seulement 20 millions à donner aux architectes pour qu’ils nous sortent tous les plans. C’est pourquoi j’ai écrit au Ministère qu’il nous donne ces 20 millions. Une fois qu’ils ont sorti tous les plans, ça devient facile de trouver des financements à l’extérieur ». C’est sur ces paroles chargées d’espoir que le groupe se dirigera vers la maison d’édition.

5. Arrêt dans la maison d’ édition

D’apparence modeste, Les Editions AfricAvenir existent depuis 30 ans déjà.
Créées dans le but de répondre à l’exigence de l’expression non censurée des écrivains africains, la maison d’édition est l’un des organes indispensables de la politique de sensibilisation de la Fondation et d’expansion de la pensée d’auteurs noirs dans le monde. Après une brève présentation par Mme Mautner des archives photographiques de la maison d’édition témoignant de la longue histoire
notamment de la participation des Editions AfricAvenir aux foires du livres dans le monde, nos invités sont très vite intéressés par des travailleuses d’un tout autre genre : les linguistes. Engagées dans le projet “Preservation and Transmission of Africa’s Collective Memory – African Testimonies and Oral Literature in Early Colonial History”, les linguists font un véritable travail de fourmis dans la reconstitution de la mémoire émiettée et parfois effacée des Camerounais. Mme Soppi Ebondji, linguiste et professeur de Duala a présenté l’essentiel de son travail à la Fondation. Il s’agit ainsi de restaurer les vieux manuscrits écrits par les Camerounais pendant la période coloniale. Ceux-ci ont consigné par écrit les réalités qui étaient les leurs dans leur société. Ils y expliquent clairement en langues nationales comment ils vivaient leur spiritualité, leurs coutumes, leur droit, leur tradition, leur économie, etc. Comme Mme Soppi a tenu à le dire :
« Notre travail consiste à les réécrire en langue Douala avec l’AGLC qui est l’alphabet général des langues camerounaises, en respectant les normes, les règles d’écriture et d’orthographe de la langue Douala ».
Mais aussi à les traduire dans les langues officielles à savoir le Français et l’Anglais pour enfin les mettre à la disposition du public. Intéressés par cette tache le responsable des Archives nationales de Yaoundé le Docteur Ngwang Ngwanyi Michael a posé quelques questions de curiosité afin de s’en informer davantage. Le prince en a une fois de plus saisi l’occasion afin d’interpeller les représentants du Ministère sur la nécessité d’un soutien financier et technique de la part de l’Etat pour sauver ce patrimoine en train de disparaitre.

6. La Bibliothèque Cheikh Anta Diop

L’émerveillement était à son comble lorsque les membres de la délégation du Ministère des Arts et de la Culture ont pénétré dans la Bibliothèque Cheikh Anta Diop et ont découvert son impressionnant fond bibliographique, filmographique et cartographique. La visite guidée faite par le Pr. Kum’a Ndumbe lui-même, a dévoilé la variété des livres qui compose cette bibliothèque dont la particularité est de contenir plus de 7000 livres sur les réalités africaines. Ce sont des documents écrits par les Noirs et les Européens sur l’Afrique dans toutes les disciplines scientifiques : histoire, sociologie, anthropologie, philosophie, littérature, religion, linguistique, politique, droit, santé, etc. Ce haut lieu de savoir a été gratifié en juin dernier du prix de la meilleure bibliothèque privée du Cameroun pour la densité et la qualité des archives qu’elle contient. Malheureusement, l’humidité et les inondations régulière menacent la survie de ces livres qui sont tous en exemplaires uniques, fait que l’unique et vieux bibliothécaire, Kum’a Ndumbe III a déploré. Il en a également profité pour leur parler des 300 vieux livres à réhabiliter dont l’importance est cruciale pour la compréhension et la réécriture de notre histoire ; travail qui sera fait entre autres dans le projet N°4 « Rehabilitation, Extension, Digitalization and onlineservice of the Cheikh Anta Diop Library at the Foundation AfricAvenir International’s Headquarter in Douala».
L’état de délabrement des avancé des mur, l’humidité, les inondations, les vols répétés, sont entre autres les difficultés dont font face la Bibliothèque Cheikh Anta Diop qui tend les bras vers l’Etat pour un soutien lui permettant de maintenir son statut de haut lieu de savoir sur l’Afrique.

PROPOSITIONS

Le Docteur Ngwang Ngwanyi Michael conduisant la délégation et spécialiste de la conservation des archives a fait quelques remarques relative à la meilleure conservation des documents tombant progressivement en désuétude.
1. Mieux revêtir le mur pour éviter la moisissure et l’humidité.
2. Surélever les livres de la bibliothèque afin d’éviter d’éventuelles inondations, proposition faite par le Dr Ngwang après avoir remarqué que certains livres étaient posés à même le sol (à cause de l’insuffisance spatiale) et que les étagères relativement bas exposaient les livres à l’humidité et aux intempéries. Après les agapes, la délégation reprendra la route à 16H30 afin de poursuivre sa mission dans le Littoral.