Arts et culture, Cinéma Africain

Rapport: Projection du film “Cabralista” en honneur à Amilcar Cabral, 14.1.2013, Douala

La Fondation AfricAvenir International a présenté Lundi 14 Janvier 2013 à 18h30, le film CABRALISTA, réalisé par Valério Lopez à Douala. La projection de CABRALISTA est perçue comme une lueur d’espoir et un encouragement à continuer le combat pour le développement du continent africain.

Dans le cadre de l’Exposition «CONTRE L’ESCLAVAGE – LES HEROS DE LA RESISTANCE. 200 YEARS LATER-AFTER THE MAAFA », organisée par la fondation AfricAvenir International à son siège à Douala, le public a regardé le film réalisé par Val Lopez sur l’écrivain et politicien Amilcar Cabral, combattant de la liberté en Guinée Bissau, assassiné le 20 Janvier 1973.

A l’annonce du film, on observe un sentiment de curiosité de la part de plusieurs membres et sympathisants de la fondation qui ne connaissent pas grand chose sur cet homme de Guinée-Bissau et du Cap vert.

Dans la salle où est affiché l’exposition montrant les résistants à l’esclavage, on entend George, un commerçant qui approche la quarantaine, dire en anglais : « But all these people are not in the history we learn in school ». George reste longtemps dans la salle à lire les textes qui présentent les résistants, en anglais et français. Beaucoup d’autres personnes qui découvrent ces héros prennent des photos à l’aide de téléphones portables, ou alors recopient les biographies dans des blocs notes. La curiosité étant déjà au rendez-vous, CABRALISTA ne pouvait donc souffrir de l’absence de téléspectateurs, qui ne cherchent qu’à découvrir ou mieux connaître ce leader qui a vu le jour en 1924 à Bafatá, en Guinée-Bissau.

Le film est finalement projeté à 19h, parce que nous avons décidé, avec l’aval des participants présents, d’accorder une marge d’une demi-heure à des personnes qui avaient annoncé leur présence et qui étaient coincés dans des embouteillages au niveau du pont sur le Wouri. Le public remarque dans le film l’utilisation de quatre langues : le français, l’anglais, le portugais, et le créole. Cependant, on ne note aucune réaction désagréable dans la salle ; pas de plainte, ni murmure. On suit jusqu’à la fin.

La première réaction après le film est celle de Regina Ribeiro, artiste brésilienne. Elle est heureuse d’avoir entendu le portugais, langue officielle du Brésil, utilisé dans le film.  Et elle dit avoir aimé le film car Amilcar met un accent sur la culture dans sa lutte pour le développement. Roselyne, une jeune femme d’une trentaine d’années, est ravie par sa découverte de ce leader qu’elle ne connaissait pas, et ne regrette pas de s’être arrêtée à la fondation, toute fatiguée, avec ses deux sacs qu’elle devait transporter à la maison. François, jeune homme d’une trentaine d’années lui aussi, se lève et voit en le film une façon pas très « vraie » de présenter la situation de Cabral. Pour lui, le film est peint de tout, sauf de la cruelle réalité dont a été victime Amilcar Cabral ; on ne présente pas les choses comme il a souvent vu dans les films basés sur les assassinats des combattants pour la liberté. Il est très vite rejoint dans cette idée par Roselyne. Regina Ribeiro reprend la parole et dit qu’elle pense que l’auteur n’a pas voulu nous laisser dans une position de victimes, dans des lamentations, mais il a voulu qu’on sorte de là, la tête haute. Cet argument est partagé par 90% de l’audience, et la phrase « Cabral n’est pas mort » est répété par plusieurs, pour appuyer cet argument.

Le modérateur de la discussion partage ce point et ajoute que le réalisateur a voulu nous présenter Cabral sans insister sur les mauvais souvenirs, mais en restant sur son discours afin de nous pousser à regarder de l’avant, plutôt que de rester dans cette position de victime qui peut entraîner dans une haine raciale. Le prince Kum’a Ndumbe III, présent dans la salle, se lève et présente au public sa pièce de théâtre « Amilcar Cabral ou la tempête en Guinée Bissao », écrite le 02 Juin1973 et publié à Paris en 1976 par les Editions Pierre J. Oswald, puis la lettre adressée à Amilcar Cabral à titre posthume, publiée par le magazine Afrique- Asie le Lundi 19 février 1973. Ce dernier exemplaire de cette pièce de théâtre datant de 40 ans parcoure la salle et chacun le touche et le feuillette.

Le Prince saisit cette opportunité pour attirer l’attention de l’assistance sur l’importance de la lecture ; Il est inadmissible que les écrits de nos génies ne soient pas mis à la disposition du public, surtout à la disposition de cette jeunesse qui est le fer de lance du continent. Le Professeur Kum’a Ndumbe III distribue à chacun un exemplaire de sa lettre à Cabral, et demande de photocopier un texte dans la pièce de théâtre intitulé : « Guinée Bissao : une victoire exemplaire. »  La jeunesse doit connaître leurs génies, savoir ce qu’ils ont écrit, afin de trouver les mécanismes pour sortir de cette caverne dans laquelle se trouve l’homme Africain.

Jean Ndoumbe
Chargé des projection