Arts et culture

Hommage au penseur Mono Ndjana, à l’écrivain multidimensionnel, à l’encadreur des acteurs de la plume

Oui, mon cher Mono,

Toi aussi, tu as enjambé le pas pour ce voyage dans l’au-delà

Toi aussi, tu t’es muré dans ce silence sans mots

Nous ne guetterons plus ta voix, paré de ce sourire nerveux, mais franc

Ton visage trahissait tant de décennies d’expériences, de luttes, de déceptions

Tu ne comprenais pas pourquoi Ils ne comprenaient pas,

Et pourtant, sous tes yeux, tout se comprenait si facilement

Penseur, écrivain, militant politique

Tu te butais si souvent aux frontières du conciliable

Ces dimensions multiples, parfois, s’entrechoquaient

S’opposaient, se contredisaient, se combattaient

Et tu récoltais de maigres moissons après tant de semences

 

Oui, mon cher Mono,

Aujourd’hui que nous bénéficions du privilège

De t’accompagner au dernier bout de la route sans retour

Laisse-nous revivre un peu ces moments intenses de nos luttes

Pour que ce pays accorde une place à ceux qui s’adonnent à l’écriture

Pour que leurs écrits ne soient plus couverts de tant de rayures de censure

 

Oui, nos luttes

Pour que nous sortions des écuries et puissions clamer nos vers

Dans des espaces propres, sains et dignes de nos chants littéraires

Batailles perdues sur l’espace national déjà occupé par des foyers culturels étrangers

Et chaque jour, nous passons devant notre propre misère et

Demandons à Dieu ce qu’Il nous reproche pour mériter si peu, chez nous

 

Je te remercie, cher Mono

Que nous ayons pu marcher main dans la main, pendant tant d’années

Pour donner espoir à nos femmes et hommes de lettres

Pour avoir sorti de l’anonymat tant de génies de la pensée et de l’écriture

Pour avoir vibré dans ces veillées littéraires où la plume rejoignait la musique, la danse

Oui l’APEC, cette association des poètes et des écrivains camerounais

A eu ses temps de gloire

Et a déplacé les plus hautes autorités de l’Etat

A côté de modestes citoyens

C’est quand tu étais là

Nous marchions la main dans la main

Pour rendre l’espoir

A notre peuple

Mon cher Mono,

Laisse-moi te remercier une dernière fois

Regard sur la Corée

Pays mystérieux de l’Orient

Tu te rappelles, n’est-ce pas ?

Tu me confias ce manuscrit en 1986

Ce fut le tout premier livre à être sorti

Des Editions AfricAvenir

Et en 2021, trente-cinq ans après, tu as retravaillé ce livre

Et nous l’avons réédité à AfricAvenir

Merci pour la confiance renouvelée

 

Trêve de paroles, cher Mono

Que les pères et les mères t’ouvrent la voie

Qu’ils ne te jugent point après ce passage périlleux sur cette terre

Et toi aussi lâche

Pardonne, oui, porte le pardon sur ta nouvelle route

Abandonne la vanité de cette vie sur terre

Entre sur les chemins de lumière

Et

La miséricorde

Oui, que le Dieu Tout-Puissant t’accorde

Sa Miséricorde, Son pardon éternel, Sa grâce infinie

Nous plaidons, nous prions pour ces faveurs

Nous parlerons de toi, nous évoquerons tes écrits,

Nous maintiendrons la flamme

Va, entre doucement dans ce nouvel univers

Et repose dans une paix profonde

 

Adieu, Mono !

Par le Prince Kum’a Ndumbe III
Yaoundé, 17 janvier 2024

« Dans l’immensité de l’horizon qui nous entoure, le regard de l’homme peut se promener indéfiniment et librement, au hasard de ses aventures ou au gré de ses curiosités inépuisables. Mais pourquoi choisit-il de se poser sur tel endroit, et que porte-t-il en lui-même, quel est son propre contenu ? On songe bien rarement à répondre à cette question, alors qu’en fait, aucun regard n’est neutre en soi. Pourquoi le mien s’est-il donc arrêté sur la Corée, qu’a-t-il observé et qu’en a-t-il rapporté ?
Je dirai principalement que tout regard se fixe, momentanément tout au moins, sur l’objet qui le fascine et l’oblige ainsi à s’arrêter. Voilà donc la raison essentielle qui m’aura poussé vers la Corée : la fascination. »

Lien d’achat :
https://editions.africavenir-international.org/product/regard-sur-la-coree-pays-mysterieux-de-lorient/