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De mes observations de jeune patriote en 1963 à l’expérience du septuagénaire averti que je suis sur l’unité de l’Afrique en 2023

De mes observations de jeune patriote en 1963 à l’expérience du septuagénaire averti que je suis sur l’unité de l’Afrique en 2023

 

Quelles chances pour la zone de libre-échange continentale africaine ?
Quelles contributions ?

 

Par Prince Kum’a Ndumbe III
Professeur Emérite des Universités
(1989 : Habilitation en sciences politiques, Otto-Suhr-Institut für Politikwissenschaft, Freie Universität Berlin)
Fondation AfricAvenir International, Président

www.africavenir-international.org
direction@africavenir-international.org

 

“What are the aspirations of Africans? Above all, they desire to regain their independence and to live in peace. They desire to leave in freedom to raise the standard of living of their peoples. They desire to use their freedom to create a union of African states on the continent, and thus neutralize effects of artificial boundaries imposed by the imperial powers and promote unity of action in all fields. These are Africa’s ideals.” Kwame Nkrumah, mai 1960 à Londres.[1]

J’ai découvert les ouvrages de Kwame Nkrumah en 1962 grâce à « The Autobiography of Kwame Nkrumah » et « Africa must unite » en 1963. J’avais 17 ans, et fréquentais le lycée Marie-Thérèse à Munich en Allemagne.

Suivront ensuite « Neo-colonialism: The last stage of Imperialism » et « Consciencism: Philosophy and Ideology for De-Colonization » publiés en 1965. J’acheterai « I speak of freedom. A statement of African Ideology » dans sa version allemande « Unser Weg in die Freiheit – Sprung über 2 Jahrtausende » le 14 avril 1966. Plus tard, je me promènerai avec les citations de Nkrumah compilés dans « Axioms of Kwame Nkrumah » édités en 1967. Mais j’avais aussi acheté le 30 septembre 1963 « Afrika kommt », version allemande de « Aujourd’hui l’Afrique » de Louis Paul Aujoulat, ce fonctionnaire français qui a décidé de tant de structures de direction des nouveaux pays africains francophones. Oui, je l’ai lu avec attention en 1963. J’avais souligné tellement de passages que j’ai compris à 17 ans qu’il serait difficile aux pays africains d’imposer leurs propres choix sur leurs nouveaux territoires dits indépendants.

  • Les pères de l’unification de l’Afrique, vous les avez lus ?

 Vous comprendrez mon ahurissement, quand je vois des étudiants de Master et doctorat de nos universités aujourd’hui qui n’ont jamais lu Nkrumah, l’un des grands théoriciens et artisans politiques de l’unité de l’Afrique. Ils n’auront pas lu non plus Jomo Kenyatta, Julius Nyerere, Ahmed Sékou Touré, Gamal Abdel Nasser ou Hailé Sélassié Ier. Comment en 2023 comprendre les succès et les échecs de l’unification de l’Afrique si on n’a pas lu les pères fondateurs de l’Union Africaine ?

Quand en mai 1963 les chefs d’Etat du groupe de Casablanca et du groupe de Monrovia ont accepté de se rencontrer à Addis-Abeba sous la houlette du Négus Hailé Sélassié Ier, je guettais les informations après les classes. Mais voici les images qui m’ont marqué et quelque peu traumatisé : les Nkrumah, Sekou Touré, Nyerere, Nasser, etc. sont venus de chez eux et sont allés directement à Addis-Abeba, après ils sont rentrés chez eux. Mais les Houphouët Boigny, Léopold Sédar Senghor, Ahmadou Ahidjo, Foulbert Youlu du Congo Brazzaville, Léon Mba du Gabon, etc. sont allés de chez eux à Paris, ont fait une assise avec le Général de Gaulle, puis se sont rendus à Addis Abeba. Une fois la rencontre à Addis Abeba terminée, ils sont repartis à Paris, ont eu une séance de travail avec le Président français De Gaulle, avant de rentrer chez eux. On peut encore visionner sur Internet ces photos avec le Général De Gaulle au milieu de tous ces présidents africains francophones en mai 1963.

Avec mes 17 ans, j’ai très bien compris pourquoi la rencontre de mai 1963 à Addis Abeba n’a pas abouti à la création d’un Etat fédéral de l’Afrique avec à sa tête un gouvernement panafricain, mais plutôt à une Organisation de l’Unité Africaine, dénommée OUA.

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